La vraie vie

2014 s’est terminé sans que je n’écrive. Cinq mois sans mots. Étonnant. Moi qui parle trop souvent pour peu dire, me voilà à la dérive. J’observe. Mon regard saute d’une tête à l’autre, détaillant, jugeant, classifiant. Blancs, noirs, Français. Étudiants. Je flotte. Comme sur une mer ou un nuage, masse vagabondant. Je n’avais pas écrit depuis si longtemps que mes plumes de doigts pianotent sans trop chercher. Sauf que j’ai oublié comment rédiger. Les phrases se mélangent, mais ne s’entremêlent pas. Le ton est cassant. Rien n’est fluide, tout s’acharne. J’aurais cru savoir quoi dire après tant de temps, mais les idées vont et viennent au rythme de mes battements de cils.

J’arrive de m’inscrire au gym. Il y a cinq mois que je n’ai pas bougé mes fesses. Après deux mois à marcher à longueur de journée, mes p’tites jambes ont longtemps fourmillé de ne plus rien leur donner. Il est temps de se reprendre en main. Ça fera du bien au corps et à l’estime. Sans parler de l’énergie. Ces derniers temps, je me questionne sur la vie. Rien de nouveau. Où elle s’en va, quel chemin il faut prendre, quelle voie il faut éviter. Me voilà entrée dans le monde des adultes (la vraie vie!), où on avance à deux et où nos choix plein d’égoïsme sont à nos risques. Me voilà à court de projets à quoi m’accrocher : à court d’argent, à court de temps, à court d’idées. Finir mon BAC. Retrouver le micro. Décrocher un job dans mon domaine. Me battre pour me tailler une toute petite place dans ce monde qui tourne trop vite. Wow. Toutes ces choses si terre-à-terre. J’ai mûri. Ou je vieillis.

Voyages ? Le monde me pousse encore vers l’aventure. Surtout ma province. Mais voilà que travailler à temps plein rime avec petite vie rangée. Du moins, dans ma tête. J’arriverai quand à avoir le goût de cette vie dans laquelle plusieurs semblent s’y plaire ? Celle où il faut travailler pour gagner sa vie et payer son pain (et son loyer!). C’est long, vieillir. Même si ça va vite. C’est ennuyant. Je suis confuse, prise quelque part entre ce que je veux et ce que je devrai sûrement un jour faire. Je me débats entre espoir et résignation. Ouh la la. C’est le début de la vingtaine qui fait ça ?